51688 Wolfgang FROBEN(IUS)
(Bef 1440-)

25844 Johannes FROBEN(IUS)
(Abt 1460-1527)

 

Family Links

Spouses/Children:
1. 25845 Justina XXX

2. Gertrud LACHNER

25844 Johannes FROBEN(IUS)

  • Born: Abt 1460, Hammelburg, Franconia, Germany
  • Marriage (1): 25845 Justina XXX in 1492 in Basel, Basel, Bâle-Ville, Suisse 1
  • Marriage (2): Gertrud LACHNER in Nov 1510 in Basel, Switzerland 1
  • Died: 27 Oct 1527, Basel, Switzerland aged about 67

  General Notes:

https://en.wikipedia.org/wiki/Johann_Froben

https://altbasel.ch/fragen/zum_luft_luftgaesslein.html
MRitter Ritter Zu Rhein once again became a representative of that family, owner of the Haus zur Luft, which already appears in the first mention of the house. Frederick was the brother of the bishop of Basel, Kaspar Zu Rhein, and served in his service as tutor. In 1531 the property is described as "Hus and Gesess with stables and stables". That year, the house changed into new hands.

KThe owners of the property were Hieronymus Froben (1501-1563) and his wife Anna Lachner. According to tradition, Jerome was born just in those hours of the year 1501, when Basel was admitted to the Confederation. He was thus the first Swiss citizen. His father was the Basel printer John Froben (ca 1460-1527), a good friend of Erasmus of Rotterdam (ca 1466-1536), who had his works printed with him.

HJerome, like his father, became a printer and continued his friendship with Erasmus of Rotterdam. He had the father's printing house moved from the house to the chair in the Totengässlein in his newly acquired house on the Bäumleingasse. Here he led together with stepfather Johannes Herwagen (ca 1497-1558) and brother-in-law Nicolaus Bischoff (1501-1564, Latinized Episcopius) his printing house, whose focus was the printing of the works of Erasmus.

Death House of Erasmus of Rotterdam

FIn May 1535 Erasmus, who had left Basel because of the Reformation, welcomed him to the property on Bäumleingasse. The mentally ill scholar had come to witness the pressure of his work Ecclesiastes. Actually Erasmus would have wanted to travel from Basel later by ship to the Netherlands, but the gout that plagued him got worse so quickly that it was impossible.

IOn the first floor at the end of the suite, Froben set up a room for Erasmus. The room had a fireplace heating, since the scholar oven heaters did not like. As the pain allowed, Erasmus worked tirelessly on. Although he was barely able to leave his bed since autumn 1535, he wrote an interpretation of the 14th Psalm entitled "On the Purity of the Christian Church".


Epitaphe par Erasmus

Cette pierre couvre les os desséchés de Jean Froben :
Sa renommée immortelle brille dans le monde entier.
Elle lui vient de sa vie pure comme neige
et de ses efforts pour les lettres
Qui aujourd'hui gisent tristement privées de leur père.
Il a rendu et orné les monuments des anciens sages par sa science, son travail, ses soins, son argent, son amour, sa foi.
Justes divinités, donnez-lui dans le ciel une vie éternelle.
Sur terre grâce à nous sa renommée sera éternelle.

Du même pour le même en grec :

Ici repose Jean Froben imprimeur.
Personne n'a plus fait pour le bien des lettres.
Ne pleurez pas sa mort. Il vit, il respire et respirera toujours
Par son âme, sa renommée, et les livres qu'il a laissés.

Lettre d'Erasmus sur Johannes Frobenius

< J'ai supporté très raisonnablement la mort de mon propre frère et je ne puis endurer la perte de Froben. Mon chagrin est certes très justifié et ce n'est pas lui qui m'irrite; mais sa démesure et son excessive durée m'indignent. Enfin, de même que de son vivant mon amour pour lui n'avait pas qu'une seule raison, de la même façon le regret qui me fait souffrir de sa disparition n'a pas qu'une seule raison. Car la providence semblait nous avoir donné cet homme pour l'ornement et le progrès des études libérales; et je l'aimais pour cela davantage que pour son affection pour moi et la parfaite droiture de sa vie.

Qui pourrait donc ne pas aimer un pareil esprit ? avec un ami il était tout amitié, si simple et si sincère que même s'il avait voulu simuler ou dissimuler quelque chose, sa nature aurait pris le dessus pour l'en empêcher; si empressé et si avide de faire du bien à tous qu'il se réjouissait même si ses bienfaits profitaient à des gens qui n'en étaient pas dignes. Aussi était-il aimé et apprécié même des banqueroutiers et des voleurs. Si un voleur lui prend de l'argent, si un débiteur de mauvaise foi en retient indûment, il mentionne cette perte avec la bonne humeur que montrent les autres quand ils font un bénéfice inespéré. Sa probité était si parfaite qu'il mérite plus que personne qu'on lui applique le proverbe < on peut jouer à la mourre avec lui dans le noir > et, incapable de tromper personne, il était aussi incapable de faire porter un tel soupçon sur personne, quoiqu'il ait été assez souvent joué. Quelle maladie est la jalousie, c'est ce qu'il n'a jamais pu se représenter, comme les aveugles de naissance ne peuvent imaginer ce qu'est la couleur. Il donnait son pardon aux offenses quelle qu'en soit la gravité, avant même que l'offenseur ne l'ait demandé. Il était bien incapable de garder le souvenir d'une injure, et bien incapable d'oublier un service, même le plus banal.

Et pourtant, à mon avis, il avait trop de bonté pour un père de famille soucieux de ses intérêts. De temps en temps je le sermonnais pour l'engager à se comporter normalement avec ses véritables amis, mais à se contenter de gratifier les imposteurs de paroles, et à prendre garde à ne pas subir à la fois une perte et un ridicule. Il souriait gentiment, mais je chantais ma chanson à un sourd. Sa candeur battait tous les conseils. Et moi, quel piège ne me tendait-il pas ! Comme il était à l'affût de l'occasion pour m'imposer quelque présent ! Et je ne l'ai jamais vu plus content que quand, par ruse ou par prières, il avait réussi à me faire accepter quelque chose. Il fallait la plus grande prudence pour éviter ses pièges. Et ma rhétorique ne m'a jamais tant servi que pour trouver un prétexte pour refuser ce qu'il me mettait dans les bras sans le fâcher. Car je ne pouvais supporter de le voir triste. Si par hasard j'avais envoyé mes serviteurs acheter du tissu pour un vêtement, il avait flairé la chose et avait déjà payé sans que je me doute de rien ; et aucune prière n'aurait pu le contraindre à accepter un remboursement. Je devais le tromper de la même façon si je voulais qu'il ne perde pas son argent. Tel fut notre interminable débat, bien différent de ce qui se passe ordinairement quand l'un s'efforce de racler le plus possible, et l'autre de donner le moins possible. Je n'ai jamais pu obtenir qu'il ne donne rien du tout ; en tout cas je suis bien persuadé que toute sa maison témoignera que j'ai usé de sa bonté avec la plus grande modération.

Tous les travaux que j'entreprenais, c'était pour l'amour des études. Et lui qui paraissait né pour les honorer, les rehausser, les faire progresser, lui qui ne marchandait ni sa peine ni ses veilles, s'estimant assez payé s'il mettait aux mains des hommes un bon auteur avec toute la dignité convenable, comment aurais-je pu me faire le parasite d'un homme animé de pareils sentiments ? Quand il étalait devant moi et ses autres amis les premières pages de quelque auteur important, comme il sautait de joie, quel air de bonheur, quel triomphe ! On aurait dit qu'il avait déjà
été abondamment payé de toute sa peine, et qu'il n'attendait pas d'autre récompense. Je n'augmenterai pas ici la gloire de Froben en accablant autrui. On sait trop les fautes et la laideur des éditions que nous envoyèrent certains imprimeurs, même de Venise et de Rome. Au contraire, de sa maison et en peu d'années, quels volumes sont sortis et avec quel éclat ! Et il sut toujours éviter à son atelier la souillure des pamphlets (qui ne furent pas un maigre profit pour d'autres) ne voulant pas que la malveillance se mêlât aux lettres et aux études.

Il avait imprimé deux fois Jérôme. Il voulait rééditer Augustin avec un égal éclat, et plusieurs de ses amis, moi entre autres, essayaient de l'en détourner, mais il y avait voué si complètement toute son ardeur que dans sa société on répétait souvent : < Il ne désire prolonger sa vie qu'autant qu'il faudra pour achever Augustin. > Il a vu les deux premiers tomes terminés. Son vœu était pieux, son intention digne de l'immortalité ; mais l'éternelle providence en a décidé autrement : ses desseins sont impénétrables ; il ne nous est pas permis de chercher à les comprendre et il nous est interdit de les blâmer.

Il était déjà assez âgé, mais sa santé était si solide, si vigoureuse que de toute sa vie il n'avait jamais été malade. Voilà six ans il tomba du haut d'un escalier sur un sol pavé de briques. C'était bien une chute à se tuer ! Il se remit pourtant, mais le mal avait, comme il est normal, laissé des traces dans son organisme, quelque effort qu'il fît pour le cacher. Il avait l'âme si noble qu'il répugnait à se plaindre. L'année qui précéda sa mort il fut saisi d'une effroyable douleur dans le talon droit. Et les médecins d'accourir avec leurs bons offices qui ne faisaient qu'exaspérer le mal, car ils n'étaient pas d'accord sur la maladie et essayaient tour à tour leurs remèdes ; il s'en trouvait même pour prescrire l'amputation du pied. Enfin vint un médecin étranger qui stabilisa la douleur ; elle était maintenant supportable et permettait à Froben de dormir et de manger. Finalement il se rétablit si bien qu'il alla deux fois à Francfort à cheval : le mal ne subsistait plus que dans les orteils du pied droit ; il ne pouvait les plier, mais le reste allait bien. Je lui conseillai souvent - et son médecin aussi - de sortir moins fréquemment ou de ne pas sortir sans s'être assez habillé pour se protéger du froid : il ne nous écouta pas ; il se serait cru déshonoré de changer la moindre chose à ses habitudes et de laisser voir qu'il était malade. Mais déjà la paralysie s'était aussi emparée de deux doigts de la main droite, prélude de la maladie proche. Il le cacha aussi, trouvant peu viril de rien céder à la maladie. Enfin un jour qu'il faisait je ne sais quoi en hauteur, saisi d'un malaise probablement, il tomba en avant sur le sol, se blessant gravement à la tête. On le porta sur son lit : il n'ouvrait pas les yeux, il semblait privé de sens et ne donnait aucun signe de vie : il agitait seulement la main gauche; car cette paralysie qu'il avait cachée, avait pétrifié tout le côté droit. Il resta ainsi pendant deux jours, dans le coma ; à l'approche de la mort il sortit de son engourdissement, entrouvrit un peu et avec peine l'œil gauche, mais sans parler, et ne survécut pas plus de six heures.

Ainsi notre Froben, enlevé à la terre, a gagné une vie plus heureuse, laissant sa femme, ses enfants, ses amis, dans un amer chagrin, profondément regretté de ses concitoyens et de tous ceux qui le connaissaient. Pour sa mort, tous ceux qui cultivent les bonnes lettres auraient dû prendre le deuil, laisser libre cours à leurs larmes et à leur chagrin, orner son tombeau d'ache et de petites fleurs, y verser des libations, y brûler des parfums si ces offices étaient de quelque profit. Mais en tout cas, pour montrer notre reconnaissance, prions bien tous pour le défunt, donnons à sa mémoire les louanges qu'elle mérite, soutenons l'atelier de Froben : car il ne cessera pas son activité par suite du décès de son maître, mais au contraire il emploiera toutes ses forces à continuer en plus grand et en mieux ce que Froben avait commencé. >

Érasme de Rotterdam

vers 1460 :Naissance - Hammelbourg, Hammelburg, Franconie, Bavière, Allemagne
1486 :Travaille dans l'imprimerie d'Anton KOBERGER - Nürnberg, Nuremberg, Franconie, Bavière, Allemagne
13 novembre 1490 :Bourgeois - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1490 :Travaille pour Johann AMERBACH - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
entre 1491 et 1527 :Ouvre un atelier d'imprimerie, il publiera plus de 200 ouvrages
Il fût l'un des premiers à utiliser les caractères "italiques" en s'inspirant du travail du grand éditeur vénitien Aldo Manucci. Il utilisa les services de Hans HOLBEIN le jeune et son frère Ambrosius pour ses productions, également Jacob FABER, Urs GRAF,et dessinateurs, graveurs et illustrateurs
13 mai 1492 :Reçu à la tribu du Safran - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
entre 1493 et 1509 :Associé à Johann PETRI - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
avant 1500 :Mariage (avec N. N.)
entre 1502 et 1512 :Associé à Johann AMERBACH dont il avait été le correcteur - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1507 :Acquit l'atelier d'Amerbach, à l'enseigne "zum Sessel" "zum Vorderen Sessel" (Totengässlein 1/3) - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
où l'atelier était implanté. Cette maison fût la première demeure d'Érasme à Bâle en 1514-1516, aujourd'hui Musée historique de la pharmacie
novembre 1510 :Mariage (avec Gertrud LACHNER) - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
4 mai 1512 :Hans SCHYMEL fait de Johannes FROBEN son cousin de Hammelbourg, son héritier
1513 :Édition des Adages d'Érasme - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
19 juillet 1514 :Maître Hans FROBEN imprimeur est nommé tuteur des enfants de son cousin maître Johannes PETRI défunt imprimeur et de sa femme Barbara MELLINGER - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
entre 1514 et 1516 :Érasme vient superviser la grande édition de Jérôme, et prolonge 3 ans une visite prévue de quelques jours - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
éditeur d'Érasme, ils deviendront amis
4 juillet 1515 :Achète la maison de Hans SCHYMEL imprimeur et de Petronella sa femme - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1515 :Édite Sénèque, verae Philosophiae Studiosis S.D. et De morte Claudii Caesaris ...cum Scholiis B Rhenanus - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1516 :Première édition du Nouveau Testament d'Érasme - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1516 :Publie les Pères de l'Eglise : Jérôme - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1518 :Publie la première collection des écrits latins de Luther - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1518 :Publie les paraphrases d'Érasme - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1519 :2ème édition du Nouveau Testament d'Érasme - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1519 :Platonici sermones de Maxime de Tyr - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
29 octobre 1519 :La grand-mère de Gertrud LACHNER, Walpurga GASSER le désigne également comme l'un de ses héritiers - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
grâce à la fortune de son épouse, il développera une entreprise importante
1519 :Fait imprimer 600 ouvrages pour la France
1520 :Publie les Pères de l'Eglise : Cyprien - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
entre 1520 et 1521 :Histoires romaines de Velleius Paterculus, édition princeps préparée par Beatus Rhenanus - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1521 :Achète trois maisons au Nadelberg pour 200 florins - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
l'une avec cheminée ouverte accueillera Érasme "zur alten Treu" (heute Nadelberg 17).
entre 1521 et 1529 :Nombreux séjours d'Érasme dont deux ans chez Froben pour publier des éditions critiques du Nouveau Testament et d'Aristote - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1521 :Imprime "Opera" de Tertullien, édition princeps préparée par Beatus Rhenanus - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1522 :Publie J.L. Vivès : l'édition commentée du "De civitate Dei" de St Augustin - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1522 :Publie les Pères de l'Eglise : Arnobe - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1522 :Büchermagazin St. Johanns-Vorstadt 24 - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
qui à partir de 1528 deviendra la maison de Hans HOLBEIN
6 décembre 1522 :Reçu à la tribu de la Clef - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1523 :Publie les Pères de l'Eglise : Hilaire - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1526 :Naturalis historiae libri de Pline l'ancien, édition faite par Beatus Rhenanus - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1526 :Publie les Pères de l'Eglise : Irénée - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
entre 1526 et 1527 :Le jeune Johannes OPORINUS, à son retour de Strasbourg, travaille comme correcteur pour lui - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1527 :Soigné par Paracelse, appelé par Érasme, qui lui évite l'amputation suite à une fracture du pied
Suite à une fracture du pied droit mal soignée, les médecins bâlois proposent l'amputation. Paracelse, appelé par Érasme qui l'avait connu à Oxford, s'installe chez lui et lui évite l'amputation. Au bout de quelques semaines il peut remarcher et reprendre ses activités. En remerciements, en mars 1527 Paracelse enseigna à l'université, mais quelques temps seulement à cause de ses méthodes différentes de celles de l'époque.
Sources: Paracelse le médecin maudit, Dr René ALLENDY, Gallimard, 1937, 8ème édition, p.58-59
1527 :Publie les Pères de l'Eglise : Ambroise et Athanase - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
26 octobre 1527 :Décès - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
--- :Inhumation - Bâle (St Pierre), , Bâle-Ville, , Suisse
Epitaphe de Johannes Froben par Érasme de Rotterdam en hébreu, grec et latin (Bâle St. Pierre) :
Cette pierre couvre les os desséchés de Jean Froben : Sa renommée immortelle brille dans le monde entier. Elle lui vient de sa vie pure comme neige et de ses efforts pour les lettres Qui aujourd'hui gisent tristement privées de leur père. Il a rendu et orné les monuments des anciens sages par sa science, son travail, ses soins, son argent, son amour, sa foi. Justes divinités, donnez-lui dans le ciel une vie éternelle. Sur terre grâce à nous sa renommée sera éternelle.

Du même pour le même en grec :

Ici repose Jean Froben imprimeur. Personne n'a plus fait pour le bien des lettres. Ne pleurez pas sa mort. Il vit, il respire et respirera toujours Par son âme, sa renommée, et les livres qu'il a laissés.

Sources: Basilea sepulta, TONJOLA Johannes, Emanuel König imprimeur, Bâle, 1661, pp.117- 118


Notes
Notes individuelles
N.B.: liste non exhaustive des ouvrages
Un des "trois Hans" (Amerbach, Froben, Petri), qui introduirent l'imprimerie à Bâle.

Érasme, Lettre à Jean de Heemstede, Bâle, 1527, sur la mort de l'imprimeur Frobenius : "J'ai supporté très raisonnablement la mort de mon propre frère et je ne puis endurer la perte de Froben. Mon chagrin est certes très justifié et ce n'est pas lui qui m'irrite; mais sa démesure et son excessive durée m'indignent. Enfin, de même que de son vivant mon amour pour lui n'avait pas qu'une seule raison, de la même façon le regret qui me fait souffrir de sa disparition n'a pas qu'une seule raison. Car la providence semblait nous avoir donné cet homme pour l'ornement et le progrès des études libérales; et je l'aimais pour cela davantage que pour son affection pour moi et la parfaite droiture de sa vie.

Qui pourrait donc ne pas aimer un pareil esprit ? avec un ami il était tout amitié, si simple et si sincère que même s'il avait voulu simuler ou dissimuler quelque chose, sa nature aurait pris le dessus pour l' en empêcher; si empressé et si avide de faire du bien à tous qu'il se réjouissait même si ses bienfaits profitaient à des gens qui n'en étaient pas dignes. Aussi était-il aimé et apprécié même des banqueroutiers et des voleurs. Si un voleur lui prend de l'argent, si un débiteur de mauvaise foi en retient indûment, il mentionne cette perte avec la bonne humeur que montrent les autres quand ils font un bénéfice inespéré. Sa probité était si parfaite qu'il mérite plus que personne qu'on lui applique le proverbe "on peut jouer à la mourre avec lui dans le noir" et, incapable de tromper personne, il était aussi incapable de faire porter un tel soupçon sur personne, quoiqu'il ait été assez souvent joué. Quelle maladie est la jalousie, c'est ce qu'il n'a jamais pu se représenter, comme les aveugles de naissance ne peuvent imaginer ce qu'est la couleur. Il donnait son pardon aux offenses quelle qu'en soit la gravité, avant même que l'offenseur ne l'ait demandé. Il était bien incapable de garder le souvenir d'une injure, et bien incapable d'oublier un service, même le plus banal.

Et pourtant, à mon avis, il avait trop de bonté pour un père de famille soucieux de ses intérêts. De temps en temps je le sermonnais pour l'engager à se comporter normalement avec ses véritables amis, mais à se contenter de gratifier les imposteurs de paroles, et à prendre garde à ne pas subir à la fois une perte et un ridicule. Il souriait gentiment, mais je chantais ma chanson à un sourd. Sa candeur battait tous les conseils. Et moi, quel piège ne me tendait-il pas ! comme il était à l'affût de l'occasion pour m'imposer quelque présent ! Et je ne l'ai jamais vu plus content que quand, par ruse ou par prières, il avait réussi à me faire accepter quelque chose. Il fallait la plus grande prudence pour éviter ses pièges. Et ma rhétorique ne m'a jamais tant servi que pour trouver un prétexte pour refuser ce qu'il me mettait dans les bras sans le fâcher. Car je ne pouvais supporter de le voir triste. Si par hasard j'avais envoyé mes serviteurs acheter du tissu pour un vêtement, il avait flairé la chose et avait déjà payé sans que je me doute de rien; et aucune prière n'aurait pu le contraindre à accepter un remboursement. Je devais le tromper de la même façon si je voulais qu'il ne perde pas son argent. Tel fut notre interminable débat, bien différent de ce qui se passe ordinairement quand l'un s'efforce de racler le plus possible, et l'autre de donner le moins possible. Je n'ai jamais pu obtenir qu'il ne donne rien du tout; en tout cas je suis bien persuadé que toute sa maison témoignera que j'ai usé de sa bonté avec la plus grande modération.

Tous les travaux que j'entreprenais, c'était pour l'amour des études. Et lui qui paraissait né pour les honorer, les rehausser, les faire progresser, lui qui ne marchandait ni sa peine ni ses veilles, s'estimant assez payé s'il mettait aux mains des hommes un bon auteur avec toute la dignité convenable, comment aurais-je pu me faire le parasite d'un homme animé de pareils sentiments ? Quand il étalait devant moi et ses autres amis les premières pages de quelque auteur important, comme il sautait de joie, quel air de bonheur, quel triomphe ! On aurait dit qu'il avait déjà été abondamment payé de toute sa peine, et qu'il n'attendait pas d'autre récompense. Je n'augmenterai pas ici la gloire de Froben en accablant autrui. On sait trop les fautes et la laideur des éditions que nous envoyèrent certains imprimeurs, même de Venise et de Rome. Au contraire, de sa maison et en peu d'années, quels volumes sont sortis et avec quel éclat ! Et il sut toujours éviter à son atelier la souillure des pamphlets (qui ne furent pas un maigre profit pour d'autres) ne voulant pas que la malveillance se mêlât aux lettres et aux études.

Il avait imprimé deux fois Jérôme. Il voulait rééditer Augustin avec un égal éclat, et plusieurs de ses amis, moi entre autres, essayaient de l'en détourner, mais il y avait voué si complètement toute son ardeur que dans sa société on répétait souvent : "Il ne désire prolonger sa vie qu'autant qu'il faudra pour achever Augustin." Il a vu les deux premiers tomes terminés. Son vœu était pieux, son intention digne de l'immortalité; mais l'éternelle providence en a décidé autrement : ses desseins sont impénétrables; il ne nous est pas permis de chercher à les comprendre et il nous est interdit de les blâmer.

Il était déjà assez âgé, mais sa santé était si solide, si vigoureuse que de toute sa vie il n'avait jamais été malade. Voilà six ans il tomba du haut d'un escalier sur un sol pavé de briques. C'était bien une chute à se tuer ! Il se remit pourtant, mais le mal avait, comme il est normal, laissé des traces dans son organisme, quelque effort qu'il fît pour le cacher. Il avait l'âme si noble qu'il répugnait à se plaindre. L'année qui précéda sa mort il fut saisi d'une effroyable douleur dans le talon droit. Et les médecins d'accourir avec leurs bons offices qui ne faisaient qu'exaspérer le mal, car ils n'étaient pas d'accord sur la maladie et essayaient tour à tour leurs remèdes; il s'en trouvait même pour prescrire l'amputation du pied. Enfin vint un médecin étranger qui stabilisa la douleur; elle était maintenant supportable et permettait à Froben de dormir et de manger. Finalement il se rétablit si bien qu'il alla deux fois à Francfort à cheval : le mal ne subsistait plus que dans les orteils du pied droit; il ne pouvait les plier, mais le reste allait bien. Je lui conseillai souvent - et son médecin aussi - de sortir moins fréquemment ou de ne pas sortir sans s'être assez habillé pour se protéger du froid : il ne nous écouta pas; il se serait cru déshonoré de changer la moindre chose à ses habitudes et de laisser voir qu'il était malade. Mais déjà la paralysie s'était aussi emparée de deux doigts de la main droite, prélude de la maladie proche. Il le cacha aussi, trouvant peu viril de rien céder à la maladie. Enfin un jour qu'il faisait je ne sais quoi en hauteur, saisi d'un malaise probablement, il tomba en avant sur le sol, se blessant gravement à la tête. On le porta sur son lit : il n'ouvrait pas les yeux, il semblait privé de sens et ne donnait aucun signe de vie : il agitait seulement la main gauche; car cette paralysie qu'il avait cachée, avait pétrifié tout le côté droit. Il resta ainsi pendant deux jours, dans le coma; à l'approche de la mort il sortit de son engourdissement, entrouvrit un peu et avec peine l'œil gauche, mais sans parler, et ne survécut pas plus de six heures.

Ainsi notre Froben, enlevé à la terre, a gagné une vie plus heureuse, laissant sa femme, ses enfants, ses amis, dans un amer chagrin, profondément regretté de ses concitoyens et de tous ceux qui le connaissaient. Pour sa mort, tous ceux qui cultivent les bonnes lettres auraient dû prendre le deuil, laisser libre cours à leurs larmes et à leur chagrin, orner son tombeau d'ache et de petites fleurs, y verser des libations, y brûler des parfums si ces offices étaient de quelque profit. Mais en tout cas, pour montrer notre reconnaissance, prions bien tous pour le défunt, donnons à sa mémoire les louanges qu'elle mérite, soutenons l'atelier de Froben : car il ne cessera pas son activité par suite du décès de son maître, mais au contraire il emploiera toutes ses forces à continuer en plus grand et en mieux ce que Froben avait commencé.


Evènements:
vers 1460 :Naissance - Hammelbourg, Hammelburg, Franconie, Bavière, Allemagne
1486 :Travaille dans l'imprimerie d'Anton KOBERGER - Nürnberg, Nuremberg, Franconie, Bavière, Allemagne
13 novembre 1490 :Bourgeois - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1490 :Travaille pour Johann AMERBACH - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
entre 1491 et 1527 :Ouvre un atelier d'imprimerie, il publiera plus de 200 ouvrages
Il fût l'un des premiers à utiliser les caractères "italiques" en s'inspirant du travail du grand éditeur vénitien Aldo Manucci. Il utilisa les services de Hans HOLBEIN le jeune et son frère Ambrosius pour ses productions, également Jacob FABER, Urs GRAF,et dessinateurs, graveurs et illustrateurs
13 mai 1492 :Reçu à la tribu du Safran - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
entre 1493 et 1509 :Associé à Johann PETRI - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
avant 1500 :Mariage (avec N. N.)
entre 1502 et 1512 :Associé à Johann AMERBACH dont il avait été le correcteur - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1507 :Acquit l'atelier d'Amerbach, à l'enseigne "zum Sessel" "zum Vorderen Sessel" (Totengässlein 1/3) - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
où l'atelier était implanté. Cette maison fût la première demeure d'Érasme à Bâle en 1514-1516, aujourd'hui Musée historique de la pharmacie
novembre 1510 :Mariage (avec Gertrud LACHNER) - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
4 mai 1512 :Hans SCHYMEL fait de Johannes FROBEN son cousin de Hammelbourg, son héritier
1513 :Édition des Adages d'Érasme - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
19 juillet 1514 :Maître Hans FROBEN imprimeur est nommé tuteur des enfants de son cousin maître Johannes PETRI défunt imprimeur et de sa femme Barbara MELLINGER - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
entre 1514 et 1516 :Érasme vient superviser la grande édition de Jérôme, et prolonge 3 ans une visite prévue de quelques jours - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
éditeur d'Érasme, ils deviendront amis
4 juillet 1515 :Achète la maison de Hans SCHYMEL imprimeur et de Petronella sa femme - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1515 :Édite Sénèque, verae Philosophiae Studiosis S.D. et De morte Claudii Caesaris ...cum Scholiis B Rhenanus - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1516 :Première édition du Nouveau Testament d'Érasme - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1516 :Publie les Pères de l'Eglise : Jérôme - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1518 :Publie la première collection des écrits latins de Luther - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1518 :Publie les paraphrases d'Érasme - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1519 :2ème édition du Nouveau Testament d'Érasme - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1519 :Platonici sermones de Maxime de Tyr - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
29 octobre 1519 :La grand-mère de Gertrud LACHNER, Walpurga GASSER le désigne également comme l'un de ses héritiers - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
grâce à la fortune de son épouse, il développera une entreprise importante
1519 :Fait imprimer 600 ouvrages pour la France
1520 :Publie les Pères de l'Eglise : Cyprien - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
entre 1520 et 1521 :Histoires romaines de Velleius Paterculus, édition princeps préparée par Beatus Rhenanus - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1521 :Achète trois maisons au Nadelberg pour 200 florins - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
l'une avec cheminée ouverte accueillera Érasme "zur alten Treu" (heute Nadelberg 17).
entre 1521 et 1529 :Nombreux séjours d'Érasme dont deux ans chez Froben pour publier des éditions critiques du Nouveau Testament et d'Aristote - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1521 :Imprime "Opera" de Tertullien, édition princeps préparée par Beatus Rhenanus - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1522 :Publie J.L. Vivès : l'édition commentée du "De civitate Dei" de St Augustin - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1522 :Publie les Pères de l'Eglise : Arnobe - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1522 :Büchermagazin St. Johanns-Vorstadt 24 - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
qui à partir de 1528 deviendra la maison de Hans HOLBEIN
6 décembre 1522 :Reçu à la tribu de la Clef - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1523 :Publie les Pères de l'Eglise : Hilaire - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1526 :Naturalis historiae libri de Pline l'ancien, édition faite par Beatus Rhenanus - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1526 :Publie les Pères de l'Eglise : Irénée - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
entre 1526 et 1527 :Le jeune Johannes OPORINUS, à son retour de Strasbourg, travaille comme correcteur pour lui - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
1527 :Soigné par Paracelse, appelé par Érasme, qui lui évite l'amputation suite à une fracture du pied
Suite à une fracture du pied droit mal soignée, les médecins bâlois proposent l'amputation. Paracelse, appelé par Érasme qui l'avait connu à Oxford, s'installe chez lui et lui évite l'amputation. Au bout de quelques semaines il peut remarcher et reprendre ses activités. En remerciements, en mars 1527 Paracelse enseigna à l'université, mais quelques temps seulement à cause de ses méthodes différentes de celles de l'époque.
Sources: Paracelse le médecin maudit, Dr René ALLENDY, Gallimard, 1937, 8ème édition, p.58-59
1527 :Publie les Pères de l'Eglise : Ambroise et Athanase - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
26 octobre 1527 :Décès - Bâle, , Bâle-Ville, , Suisse
--- :Inhumation - Bâle (St Pierre), , Bâle-Ville, , Suisse

Epitaphe de Johannes Froben par Érasme de Rotterdam en hébreu, grec et latin (Bâle St. Pierre) :
Cette pierre couvre les os desséchés de Jean Froben : Sa renommée immortelle brille dans le monde entier. Elle lui vient de sa vie pure comme neige et de ses efforts pour les lettres Qui aujourd'hui gisent tristement privées de leur père. Il a rendu et orné les monuments des anciens sages par sa science, son travail, ses soins, son argent, son amour, sa foi. Justes divinités, donnez-lui dans le ciel une vie éternelle. Sur terre grâce à nous sa renommée sera éternelle.

Du même pour le même en grec :

Ici repose Jean Froben imprimeur. Personne n'a plus fait pour le bien des lettres. Ne pleurez pas sa mort. Il vit, il respire et respirera toujours Par son âme, sa renommée, et les livres qu'il a laissés.

Sources: Basilea sepulta, TONJOLA Johannes, Emanuel König imprimeur, Bâle, 1661, pp.117- 118


Notes
Notes individuelles
N.B.: liste non exhaustive des ouvrages
Un des "trois Hans" (Amerbach, Froben, Petri), qui introduirent l'imprimerie à Bâle.

Érasme, Lettre à Jean de Heemstede, Bâle, 1527, sur la mort de l'imprimeur Frobenius : "J'ai supporté très raisonnablement la mort de mon propre frère et je ne puis endurer la perte de Froben. Mon chagrin est certes très justifié et ce n'est pas lui qui m'irrite; mais sa démesure et son excessive durée m'indignent. Enfin, de même que de son vivant mon amour pour lui n'avait pas qu'une seule raison, de la même façon le regret qui me fait souffrir de sa disparition n'a pas qu'une seule raison. Car la providence semblait nous avoir donné cet homme pour l'ornement et le progrès des études libérales; et je l'aimais pour cela davantage que pour son affection pour moi et la parfaite droiture de sa vie.

Qui pourrait donc ne pas aimer un pareil esprit ? avec un ami il était tout amitié, si simple et si sincère que même s'il avait voulu simuler ou dissimuler quelque chose, sa nature aurait pris le dessus pour l' en empêcher; si empressé et si avide de faire du bien à tous qu'il se réjouissait même si ses bienfaits profitaient à des gens qui n'en étaient pas dignes. Aussi était-il aimé et apprécié même des banqueroutiers et des voleurs. Si un voleur lui prend de l'argent, si un débiteur de mauvaise foi en retient indûment, il mentionne cette perte avec la bonne humeur que montrent les autres quand ils font un bénéfice inespéré. Sa probité était si parfaite qu'il mérite plus que personne qu'on lui applique le proverbe "on peut jouer à la mourre avec lui dans le noir" et, incapable de tromper personne, il était aussi incapable de faire porter un tel soupçon sur personne, quoiqu'il ait été assez souvent joué. Quelle maladie est la jalousie, c'est ce qu'il n'a jamais pu se représenter, comme les aveugles de naissance ne peuvent imaginer ce qu'est la couleur. Il donnait son pardon aux offenses quelle qu'en soit la gravité, avant même que l'offenseur ne l'ait demandé. Il était bien incapable de garder le souvenir d'une injure, et bien incapable d'oublier un service, même le plus banal.

Et pourtant, à mon avis, il avait trop de bonté pour un père de famille soucieux de ses intérêts. De temps en temps je le sermonnais pour l'engager à se comporter normalement avec ses véritables amis, mais à se contenter de gratifier les imposteurs de paroles, et à prendre garde à ne pas subir à la fois une perte et un ridicule. Il souriait gentiment, mais je chantais ma chanson à un sourd. Sa candeur battait tous les conseils. Et moi, quel piège ne me tendait-il pas ! comme il était à l'affût de l'occasion pour m'imposer quelque présent ! Et je ne l'ai jamais vu plus content que quand, par ruse ou par prières, il avait réussi à me faire accepter quelque chose. Il fallait la plus grande prudence pour éviter ses pièges. Et ma rhétorique ne m'a jamais tant servi que pour trouver un prétexte pour refuser ce qu'il me mettait dans les bras sans le fâcher. Car je ne pouvais supporter de le voir triste. Si par hasard j'avais envoyé mes serviteurs acheter du tissu pour un vêtement, il avait flairé la chose et avait déjà payé sans que je me doute de rien; et aucune prière n'aurait pu le contraindre à accepter un remboursement. Je devais le tromper de la même façon si je voulais qu'il ne perde pas son argent. Tel fut notre interminable débat, bien différent de ce qui se passe ordinairement quand l'un s'efforce de racler le plus possible, et l'autre de donner le moins possible. Je n'ai jamais pu obtenir qu'il ne donne rien du tout; en tout cas je suis bien persuadé que toute sa maison témoignera que j'ai usé de sa bonté avec la plus grande modération.

Tous les travaux que j'entreprenais, c'était pour l'amour des études. Et lui qui paraissait né pour les honorer, les rehausser, les faire progresser, lui qui ne marchandait ni sa peine ni ses veilles, s'estimant assez payé s'il mettait aux mains des hommes un bon auteur avec toute la dignité convenable, comment aurais-je pu me faire le parasite d'un homme animé de pareils sentiments ? Quand il étalait devant moi et ses autres amis les premières pages de quelque auteur important, comme il sautait de joie, quel air de bonheur, quel triomphe ! On aurait dit qu'il avait déjà été abondamment payé de toute sa peine, et qu'il n'attendait pas d'autre récompense. Je n'augmenterai pas ici la gloire de Froben en accablant autrui. On sait trop les fautes et la laideur des éditions que nous envoyèrent certains imprimeurs, même de Venise et de Rome. Au contraire, de sa maison et en peu d'années, quels volumes sont sortis et avec quel éclat ! Et il sut toujours éviter à son atelier la souillure des pamphlets (qui ne furent pas un maigre profit pour d'autres) ne voulant pas que la malveillance se mêlât aux lettres et aux études.

Il avait imprimé deux fois Jérôme. Il voulait rééditer Augustin avec un égal éclat, et plusieurs de ses amis, moi entre autres, essayaient de l'en détourner, mais il y avait voué si complètement toute son ardeur que dans sa société on répétait souvent : "Il ne désire prolonger sa vie qu'autant qu'il faudra pour achever Augustin." Il a vu les deux premiers tomes terminés. Son vœu était pieux, son intention digne de l'immortalité; mais l'éternelle providence en a décidé autrement : ses desseins sont impénétrables; il ne nous est pas permis de chercher à les comprendre et il nous est interdit de les blâmer.

Il était déjà assez âgé, mais sa santé était si solide, si vigoureuse que de toute sa vie il n'avait jamais été malade. Voilà six ans il tomba du haut d'un escalier sur un sol pavé de briques. C'était bien une chute à se tuer ! Il se remit pourtant, mais le mal avait, comme il est normal, laissé des traces dans son organisme, quelque effort qu'il fît pour le cacher. Il avait l'âme si noble qu'il répugnait à se plaindre. L'année qui précéda sa mort il fut saisi d'une effroyable douleur dans le talon droit. Et les médecins d'accourir avec leurs bons offices qui ne faisaient qu'exaspérer le mal, car ils n'étaient pas d'accord sur la maladie et essayaient tour à tour leurs remèdes; il s'en trouvait même pour prescrire l'amputation du pied. Enfin vint un médecin étranger qui stabilisa la douleur; elle était maintenant supportable et permettait à Froben de dormir et de manger. Finalement il se rétablit si bien qu'il alla deux fois à Francfort à cheval : le mal ne subsistait plus que dans les orteils du pied droit; il ne pouvait les plier, mais le reste allait bien. Je lui conseillai souvent - et son médecin aussi - de sortir moins fréquemment ou de ne pas sortir sans s'être assez habillé pour se protéger du froid : il ne nous écouta pas; il se serait cru déshonoré de changer la moindre chose à ses habitudes et de laisser voir qu'il était malade. Mais déjà la paralysie s'était aussi emparée de deux doigts de la main droite, prélude de la maladie proche. Il le cacha aussi, trouvant peu viril de rien céder à la maladie. Enfin un jour qu'il faisait je ne sais quoi en hauteur, saisi d'un malaise probablement, il tomba en avant sur le sol, se blessant gravement à la tête. On le porta sur son lit : il n'ouvrait pas les yeux, il semblait privé de sens et ne donnait aucun signe de vie : il agitait seulement la main gauche; car cette paralysie qu'il avait cachée, avait pétrifié tout le côté droit. Il resta ainsi pendant deux jours, dans le coma; à l'approche de la mort il sortit de son engourdissement, entrouvrit un peu et avec peine l'œil gauche, mais sans parler, et ne survécut pas plus de six heures.

Ainsi notre Froben, enlevé à la terre, a gagné une vie plus heureuse, laissant sa femme, ses enfants, ses amis, dans un amer chagrin, profondément regretté de ses concitoyens et de tous ceux qui le connaissaient. Pour sa mort, tous ceux qui cultivent les bonnes lettres auraient dû prendre le deuil, laisser libre cours à leurs larmes et à leur chagrin, orner son tombeau d'ache et de petites fleurs, y verser des libations, y brûler des parfums si ces offices étaient de quelque profit. Mais en tout cas, pour montrer notre reconnaissance, prions bien tous pour le défunt, donnons à sa mémoire les louanges qu'elle mérite, soutenons l'atelier de Froben : car il ne cessera pas son activité par suite du décès de son maître, mais au contraire il emploiera toutes ses forces à continuer en plus grand et en mieux ce que Froben avait commencé.

Peut-être reçois-tu les épitaphes de Dorp un peu plus tard que tu n'attendais, mais tu gagnes à avoir attendu."
Source: Geneanet nguyenodile


Johannes married 25845 Justina XXX in 1492 in Basel, Basel, Bâle-Ville, Suisse.1 (25845 Justina XXX was born about 1462 in Basel, Basel, Bâle-Ville, Suisse 1 and died in 1506 in Basel, Basel, Bâle-Ville, Suisse 1.)


Johannes next married Gertrud LACHNER, daughter of 25846 Wolfgang LACHNER and 25847 Ursula VON THUS, in Nov 1510 in Basel, Switzerland.1 (Gertrud LACHNER was born in 1488 in Basel, Basel, Bâle-Ville, Suisse 1, christened in 1488 in Basel, Basel, Bâle-Ville, Suisse,1 died on 8 Apr 1560 in St. Peter, Basel, Basel, Switzerland 1 and was buried on 10 Apr 1560 in St. Peter Basel, Basel-Stadt, Schweiz 1.)


  Marriage Notes:

3 enfants 1512/1524

Sources


1 The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, "FamilySearch Family Tree," database, FamilySearch (http://www.familysearch.org : accessed 28 Nov 2019), entry for Johannes Frobenius, person ID 9ZQZ-3XF.

F. Ferran 30-11-2024


Home | Table of Contents | Surnames | Name List

This website was created 30 Nov 2024 with Legacy 10.0, a division of MyHeritage.com; content copyrighted and maintained by ferran@monchique.com